Clara
Je suis Clara.
J’étais en vacances en Italie, visitant un amphithéâtre romain quand j’ai réalisé que j’étais introvertie. Alors que le soleil se couchait, mon amie et moi avons décidé de nous faire prendre en photo. J’ai poussé mon amie à demander à une personne près de nous de nous prendre en photo. Elle a ri gentiment en me disant « pourquoi tu as peur ? ».
J’ai protesté, faiblement. Mais j’y ai réfléchi et j’ai su que c’était vrai : je déteste parler à des gens que je ne connais pas. Je préfère errer pendant des heures plutôt que de demander mon chemin. Si je vois un collègue dans la salle de pause, je repars à mon bureau plutôt que de rester et de discuter. J’évite généralement les verres après le travail et le réseautage est une torture. J’aime aussi beaucoup ma solitude.
Comment faites-vous la conversation ? Parce que moi je ne comprends pas comment ça marche. Je ne peux communiquer que des informations factuelles telles que « il fait très chaud aujourd’hui » ou « nous commençons la réunion dans 10 minutes ». D’autres personnes savent parler de tout et de rien, passant constamment d’un sujet à un autre, sans aucune difficulté apparente.
La majorité de mes interactions sociales sont généralement douloureuses, et les seules qui ne le sont pas impliquent un groupe d’amis de longue date. Pendant des années, je me suis traînée à des soirées, petites ou grandes, avec l’espoir que « cette fois ce sera différent, je ne resterai pas dans mon coin ». Et puis, quand j’allais à la soirée, une inquiétude familière s’installait en moi. Je me sentais tellement fatiguée que je faisais ce que font tous les introvertis bien intentionnés lors des réunions sociales : boire trop. « Dutch courage » disent les anglais.
En buvant, je devenais une autre. Un peu bruyante, un peu bavarde, un peu amusante. Comment aurait-on pu savoir à quel point ces interactions me minaient. J’étais une introvertie performant dans un costume d’extravertie. Je revenais de soirées et je soufflais de soulagement à la fin de la représentation. Comme si ma cage thoracique pouvait alors reprendre son volume initial. Je pouvais retirer mon costume et me réfugier dans mon lit. L’obligation de performance était terminée, du moins pour l’instant.
Existe-t-il un mot allemand ou islandais pour dire « découvrir et accepter une partie de sa personnalité qui est évidente pour tout le monde » ? S’il n’y en a pas, il devrait y en avoir un. En acceptant mon introversion, j’ai commencé à dire non à certaines choses. Non aux fêtes avec de l’alcool, aux parties de bowling avec des collègues après le travail ou aux soirées avec des personnes que je connais peu. Je n’ai pas complètement arrêté de socialiser : je me limite à des cadres plus restreints, où je me sens moins anxieuse.
Comme ici, aujourd’hui, à cette réunion des introvertis anonymes. Merci.
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Un commentaire
Fred
Ta Clara est une introvertie mais il y a pire. Mon frère l’est aussi au point de pouvoir rester chez lui des semaines entières sans sortir. On communique peu et uniquement par sms. Même si je sais qu’il ne viendra pas, je continue à l’inviter à mes soirées. Je veux qu’il sache qu’il est toujours le bienvenu et que je pense à lui même si c’est difficile pour lui de faire plus.