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Ghosts : des rires, des larmes et de la douceur

L’une des meilleures comédies anglaises de la décennie touche à sa fin… et j’ai ri, pleuré et ri encore plus. Ghosts a été une des comédies les plus douces de ces dernières années.

L’histoire : Alison (Charlotte Ritchie) et son mari Mike (Kiell Smith-Bynoe) héritent de Button House – un manoir délabré – et de son groupe de fantômes excentriques, provenant de diverses périodes de l’Histoire. Après une chute et un traumatisme crânien, Alison découvre qu’elle peut voir et communiquer avec ces fantômes. Mike, qui ne peut pas les voir, finit par accepter cette nouvelle normalité. Les fantômes restent un secret entre eux. Et la colocation bizarre commence.

 

Button House est située sur le site d’une ancienne fosse commune où ont été enterrées les victimes de la peste noire. Elle est donc également hantée par un groupe de pestiférés qui restent pour la plupart du temps dans la cave. (Leur plaisir lorsque quelqu’un descend et allume la lumière n’a d’égal que leurs soupirs de déception lorsque cette même personne sort et éteint la lumière derrière eux.)

Il y a des intrigues plus importantes, à mesure que la vie d’Alison et Mike change, et que des décisions doivent être prises concernant l’avenir de Button House, toujours en ruines.

Les fantômes, au nombre de sept, ont tous une histoire, une mort et une « nouvelle vie ». C’est un groupe hétéroclite de personnalités opiniâtres, dysfonctionnelles et ridicules traversant les âges qui ont atterri dans une sorte de purgatoire : votre âme reste là où vous êtes mort.

Il y a : Robin, homme des cavernes monosyllabique (Laurence Rickard) – Captain James/’The Captain (Ben Willbond), officier de la seconde guerre mondiale – Mary (Katy Wix) une paysanne et servante, accusée d’être une sorcière au XVIIe siècle – Julian Fawcett (Simon Farnaby), un député conservateur des années 90 pris dans un scandale sexuel – Lady Stephanie ‘Fanny’ Button (Martha Howe-Douglas), lady de l’époque Edouardienne – Katherine ‘Kitty’ Higham (Lolly Adefope), une jeune femme de l’aristocratie Georgienne – Thomas Angus Thorne (Mathew Baynton) un poète mélodramatique de la Régence -Patrick ‘Pat’ Butcher (Jim Howick) chef scout des années 80 et enfin Humphrey (Laurence Ricakard) un noble catholique à l’époque Tudor.

 

Au fil des épisodes, les circonstances entourant leur mort sont dévoilées. Certaines plus amusantes que d’autres, une faisant même l’objet d’une enquête et une autre particulièrement poignante.

Quelques faits importants : les acteurs jouant les fantômes sont également les auteurs de cette série. Ils sont connus individuellement (films et autres séries) et en tant que groupe ‘Six idiots’ et ont déjà commis deux séries formidables à l’intention des enfants et des plus grands Horrible Histories et Yonderland.  Ils savent jouer, écrire, chanter, moins danser. Leur capacité à réunir tous les genres, les âges et les sensibilités est un rare talent. La formule de Ghosts est si bonne qu’elle aurait pu durer encore quelques années. Le seul problème aurait été le vieillissement de ses acteurs, puisque les fantômes sont censés rester tels qu’ils étaient quand ils sont morts.

In the bleak midwinter by the Ghosts
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L’une des raisons pour lesquelles Ghosts fonctionne si bien est que les créateurs sont experts dans la construction du monde : la riche configuration donne à chaque personnage ses propres faiblesses et fournit des gags uniques.

Une partie provient des conflits culturels entre fantômes de différentes périodes historiques. Lady Fanny Button et Mary regardant l’équivalent de Télématin, ou Pat, coincé dans les années 80, essayant fièrement d’expliquer toute forme de technologie aux fantômes plus âgés. D’autres gags viennent de la question existentielle : comment passeriez-vous le temps si vous étiez coincé dans une maison avec d’éternels colocataires ? Pour nos fantômes, la réponse est une série d’activités organisées (club d’improvisation, soirée cinéma, recettes, etc.) et pas mal de disputes.

La série a une qualité enfantine (en particulier certaines blagues, comme tous les jeux de mots avec « Fanny ») mais elle n’est jamais juvénile. Tout est ancré dans leur jeu comique et le timing de chacun.e. Les moments communs (spectacles, chants) sont un bijou d’humour.

La force de Ghosts, c’est que le show peut être aussi émouvant que drôle. L’une des intrigues les plus poignantes est celle de James, cristallisé dans le flashback de son amour secret pour un collègue de l’armée. Sa sexualité refoulée est à la fois tendre et intelligente. Rien n’est dit à voix haute, tout est subtil et jamais moqueur.

Et quand un fantôme se fait « aspirer » pour son dernier voyage dans l’au-delà, cela devient une belle réflexion sur le chagrin et la mortalité.

Ghosts est comme un doudou, une série qui apporte du réconfort mais pas que… C’est souvent en mouvement, souvent surprenant et très très émotionnel. C’est aussi idiot que touchant, mais en fin de compte, chaque catastrophe, chaque bouleversement ou décision chaotique se termine par un doux triomphe, et chaque gâchis causé par les fantômes ou les humains devient une opportunité d’apprendre et de grandir. Et tout ça en évitant d’être ringard ou ridicule.

Il y a quelque chose de très révélateur dans le succès de ce genre de série. Le besoin d’histoires douces, drôles, intelligentes et chaleureuses. Comme un refuge mais aussi la croyance ou le désir d’un autre monde plus inclusif.

 

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